la chasse à l'ours à Saint-Martin-l'Ars

La Semaine du 10/07/1892

la chasse à l'ours à Saint-Martin-l'Ars

Si invraisemblable que puisse vous paraître cette nouvelle, elle est malheureusement d'une rigoureuses exactitude.

Le 2 juillet, entre 7 et 8 heures du matin, le bruit se répand à Saint-Martin-l'Ars qu'un ours de la ménagerie qui stationnait sur la place de cette commune, s'était échappé pendant qu'un charron réparait les cages.

Vite on accourt, armé de bâtons et de fourches. Effrayé l'animal s'enfuit, traverse plusieurs fois le Clain, franchit les barrières du chemin de fer et revient dans le bourg pour se réfugier enfin dans le jardin du château.

Cette fois, ce n'est plus l'affaire que de quelques instants. Bientôt l'ours sera prisonnier. Le dompteur s’approche, mais à ce moment, la bête rendue furieuse s'élance sur lui le jette à terre et lui fait une morsure au bras gauche.

La course continue alors à travers champs. Blessé à la tête, l'ours s'élance sur le nommé Dudognon Français, cultivateur à fontport, commune de Payroux. Une lutte terrible s'engage. Dudognon est mordu à la cuisse droite. Sans perdre son sang-froid, le malheureux se relève, mais roule à terre une nouvelle fois, en même temps que l'animal qui le mord à l'avant-bras gauche.

Fort heureusement, le sieur Doriac arrive au secours de son camarade et enfonce sa fourche dans la gueule de l'animal, qui, cette fois, roule dans le fossé.

Il était temps pour le pauvre Dudognon.

M. Degorce, propriétaire à Saint-Martin-l'Ars arrive à son tour et tire sur l'animal 5 coup de fusil.

Mandé en toute hâte, M. le docteur Houpert, d'Usson, prodige ses soins au sieur Dudognon, et déclare qu'il ne peut encore se prononcer sur la gravité des blessures.

Madame veuve Coridol, directrice de la ménagerie, s'est offerte immédiatement à payer tous les frais de la maladie.