Chez Mme de Montespan au Chateau de Serres à Abzac.

Le Manoir de Serres, à Abzac

23/09/1923

Explorations Confolentaise V

Chez Mme de Montespan

 Deux fois, nous avons visité le manoir de Serres, près Abzat, où Françoise-Athénaïs de Rochechouart-Mortemart, marquise de Montespan, passa ses dernières années (1). On y arrive par une avenue rectiligne de bouleaux francs alternés de tilleuls.

 

 Au premier voyage, ce fut une impression de ravissement et de regret. La cour d’honneur, vaste, mais déserte, étalait au soleil ses pelouses flétries que limitait une large façade. Seules des abeilles franchissent les volets clos et troublaient le silence. Leurs musique aérienne n’éveillerait-elle pas la Belle au Bois Dormant ? Hélas, la belle ne demeure plus ici-bas ! C’est toujours l’éternelle fuite du temps, l’implacable effeuillement de tout…

 La grande disgraciée, quitta plusieurs fois son domaine pour Bellegarde, Pontevrault, Oiron ..., puis se retira dans la Communauté de Saint-Joseph, à Paris (2). elle mourut en 1707, à Boubon-l’Archambault, âgée de 66 ans.

Revenant à Serres, nous eûmes la bonne fortune d’y trouver M. de V… qui voulut bien faciliter nos recherches et faire revivre un passé déjà loin.

 

 Cette tour que viennent flanquer deux ailes sans caractère présente à la base une porte Renaissance, l’escalier spiral tout en pierre, a deux mètre de largeur utile. Venant du parc, Mme de Montespan le gravissait pour rejoindre son logement particulier. Celui-ci comportait deux ou trois pièces très spacieuses encore existantes près de la tour. Dans chaque salle on peut voir une cheminée monumentale dont les armoiries disparurent en 1789.

Une boiserie diminua la chambre à coucher trop froide en hiver, et un plancher succède aux larges carreaux de briques rouges. Enfin des tapisseries masquèrent les murailles. Confiées à certain meunier pendant la tourmente révolutionnaire, elles furent vendues puis transformées. Une famille du Poitou les détiendraient.

  La fenêtre, à petits meneaux, offre deux sièges en pierre. De l’embrasure, on aperçoit Villevert, ainsi que le clocher roman de Saint-Barthélémy situé à douze kilomètres. Au plafond, les poutres sont filetées et régulières, mais leurs peintures n’existent plus. Quelques objets de literie abandonnés dans une alcôve paraissant remonter au XVIIe siècle. Leur simplicité ne laisse pas de surprendre le visiteur, mais elle confirme cette tradition qui représente Mme de Montespan renouvelée par une vie austère.

 La marquise, après son départ de Versailles, était fort désabusée. Elle s’installa donc au petit bonheur. Une balustrade isole l’alcôve. Celle-ci se trouve décorée à chaque angle supérieur par un génie ailé tendant une palme vers les armoiries qui sont :

A dextre vairé de gueules et d’or, à senestre en chef d’or à trois cannettes de sable, en pointe d’or portant aigle à deux têtes de sable, couronne ducale sur l’envers d’un manteau d’hermine.

 Les panneaux montants portent quatre peintures : A droite, vase fleuri avec tête de femme, médaillon contenant un paysage ; à gauche, fruit et frappes de raisin, médaillon semblable au premier. Souhaitons qu’une prochaine restauration viennent remettre ces choses en état. La charpente du manoir est ordonnée comme un vaisseau. Au rez-de-chaussée, nous remarquons la Salle des Gardes et nous prenons congé de notre hôte si parfaitement gentilhomme.

La maison de Rouziers, autrefois enclavée dans le domaine du château de Serres contient une toile qui représenterait Mme de Montespan.

Berty

Journal de Confolens

Mme de Monpestan a été la maitresse du Roi Louis XIV, avec qui elle eu 6 enfants.

(1) Babaud-Larribière; et. Hist. Et adm., t.I,p 248

Lorgue. Histoire de Mortemart (Haute-Vienne); Limoges, Ducourtieux, 1823, p.128.

F. Marvaud géographie du département de la Charente, Angoulême, J.B. Baillarger, 1850 p. 58,57 et 278.

(3) Biographie universelle.

Photos intérieur base mérimée.